Le père est branché Supercar, le fiston commande un avion. Le 1er week-end de septembre, leurs deux vocations vont faire du bruit, ensemble. Une odyssée familiale plutôt insolite.
Portrait
Le p’tit bonhomme en a vu, des courses. Son père, Patrick, 58 ans, a challengé de nombreuses années en rallycross. Un talentueux pilote de la coupe Peugeot.
« Si je suis là ce soir, c’est que mon père est là. » Là, c’est Lohéac, au sud de Rennes. Lundi 26 juin, Vincent a assisté aux essais des championnats du monde de rallycross, qui auront lieu en septembre. Mais pendant que Sébastien Loeb taquinait le Norvégien Petter Solberg sur le circuit, Vincent était aux manettes de son Rafale, à 300 mètres au-dessus de leur carrosserie.
Des missions de guerre
À 36 ans, il est pilote de chasse dans la Marine nationale, à Landivisiau (Finistère). Même commandant adjoint des opérations, dans la flottille 17 F. L’enfant a baigné dans les courses automobiles, mais l’adolescent a préféré un destin dans les airs. « C’était un peu par hasard. Lorsque j’ai fait ma journée d’appel de préparation à la défense, j’ai appris qu’on pouvait être pilote avec le baccalauréat. Ça a fait tilt ! »
Grâce à son père, qui lui a communiqué « la culture de dépassement, de la performance, de la gagne », Vincent a tenu bon. « C’est génial, mais il faut savoir dans quoi on s’engage. Beaucoup se découragent au cours de la formation. » Car si le boulot fait rêver, il demande aussi des sacrifices. « Sur une année, on peut être parti quatre mois en mer », affirme Vincent, marié et père de famille.
Il faut aimer la vie de groupe, et s’accrocher. Être capable d’une motivation sans faille. « Je fais beaucoup de missions d’entraînement, sur des porte-avions. Ces dernières années, nous avons été engagés dans plusieurs conflits internationaux. »
« On en a pris plein les yeux »
Les samedi 2 et dimanche 3 septembre,sa mission sera plus légère. « Un dimanche midi, on discutait avec mon père, et on s’est dit : Pourquoi ne pas survoler Lohéac pour le rallye ? » L’armée n’a pas raté l’occasion de mettre en avant le job de pilote de chasse. « Si on peut recruter rien qu’un jeune sur la journée, ce serait super. »
Les organisateurs du rallycross, Patrick Germain, le président, en tête, n’ont pas freiné les ardeurs du pilote. Il a eu le feu vert pour pimenter le week-end. « L’idée, c’est d’allier le bruit et la puissance de mon avion au passage des voitures. » La répétition, lundi, a fini de convaincre tout le microcosme de l’automobile. « On en a pris plein les yeux » ; « Un vrai bon moment »… Deux Rafale monoplace de Dassault – l’un piloté par Vincent, et l’autre par un collègue – ont fait une démonstration de 4 minutes dans les airs, avec des pointes jusqu’à 1 000 km/h. « C’est un magnifique clin d’oeil familial à ce qui nous anime, mon père et moi. D’ailleurs, il a la farouche intention de remonter dans le baquet, dès l’année prochaine. » Un cercle familial vertueux.
Alors pour le jour J, « préparez-vous », prévient Vincent. Oui, les nostalgiques de Top gun devraient avoir le souffle coupé.